De l’amour, du vrai… 

Bouquet de roses, boîtes de chocolat, et musique de jazz,…voilà l’imaginaire construit par les séries et les films de romance anglosaxon qui accompagnent la fête de la S. Valentin. Par un heureux hasard de calendrier, cette année, le 14 février marque notre entrée en Carême. Et à contrario, notre imaginaire du Carême semble plutôt aux antipodes de l’ambiance feutré de la “fête des amoureux” que nous promettent les restaurants, les fleuristes et les chocolatiers.  

Cette association de dates nous invite tout de même à nous poser simplement la question : mais qu’est-ce donc qu’aimer? En réalité, se retrouve face à face, des conceptions de l’amour qui semblent quelque peu diverger. Ce que la S. Valentin invite à fêter, mise à part la stratégie marketing et les gains visés sur des festivités exubérantes, c’est un amour passionnel. Il s’agit d’abord de fêter un sentiment que l’on ressent. Une passion, un sentiment, apparaît en nous sans action de notre part. Et nous choisissons ou pas de l’entretenir. C’est une réelle dimension de l’amour, mais ce n’est pas son tout.  

Le français utilise uniquement ce mot seul mot d’”amour” pour décrire des réalités qui ne sont pas identique. Lorsque la Révélation Chrétienne parle d’”amour”, lorsque l’on lit dans l’évangile selon S. Jean que “Dieu est amour”, on ne parle pas uniquement d’un sentiment, d’une passion. Il s’agit bien plutôt d’un attachement libre, choisi, réfléchi et voulu à quelqu’un. Ce qui n’empêche, ni n’exclut un sentiment, mais qui le dépasse largement. Dieu n’est pas “tombé amoureux” de nous, mais depuis toujours et pour toujours il nous “aime”. Sans cet amour de Dieu, nous n’existerions même pas. C’est cet attachement de Dieu à chacune de ses créatures qui les fait exister et qui les maintiens dans l’être. Et en retour, parce que l’amour est réciproque pour qu’il soit accompli, Dieu nous demande de l’aimer et d’aimer toutes choses comme lui.  

Ainsi, le Carême est ce temps privilégié pendant lequel nous rechoisissons d’aimer Dieu avant tout! Nos actions, nos efforts, nos pensées, nos prières, ont pour but uniquement d’augmenter en nous la charité, l’amour de Dieu en nous et pour les autres.  

C’est pour cela que l’on jeûne, que l’on prie et que l’on donne, pour poser des actes réels, concrets, qui montrent et qui augmentent en nous cet amour. Cela engage bien plus notre personne qu’un sentiment (si beau, si fort soit-il) manifesté par un bouquet de rose et une boite de chocolat (si beau, si bon soit-il!).  

Le Carême implique un effort de notre part, un effort qui s’apparente à un don de soi. Sauter un repas par amour me fait ressentir en ma chair un manque. Ce manque, c’est ce que mon âme ressent loin de son Bien-Aimée, l’Epoux, le Christ. Et ce manque sera partiellement comblé, autant qu’il est possible ici-bas, au jour de Pâques. Ce temps de 40 jours est polarisé par Pâques: “faire le carême” sans fêter la Résurrection du Sauveur n’a aucun sens.  

Le premier point d’attention doit être notre devoir d’état. Il ne sert à rien de jeûner toute la journée si je n’étudie pas mes leçons (si je suis un élève) ou si j’arrive en retard, ou pire si je suis exécrable avec tous. Ce ne serait qu’un amour hypocrite, un anesthésiant de ma conscience.  

Alors demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer sur ce qu’il souhaite changer en nous pendant ce Carême pour nous rendre plus aimable et plus capable d’aimer, et d’aimer en vérité.  

 

 

 

Frère Etienne HARANT