“… et surtout la santé!” 

C’est bien la période, à chaque fois que l’on rencontre quelqu’un, notre salutation s’empresse de se conclure par l’expression de nos vœux pour cette nouvelle année. Et parmi les formules, refrains, automatismes (mantras ?), bien souvent répétés, le vainqueur invaincu est bien entendu « …et surtout la santé, c’est le plus important ! ». 

Mais à force de l’entendre, la question se pose : est-ce vraiment “le plus important” ? Evidement qu’on ne peut souhaiter à quelqu’un de ne pas être en bonne santé. Mais est-ce vraiment ce que l’on peut lui souhaiter de meilleur ?  

Jésus lui-même guérit les malades à de nombreuses reprises dans l’Evangile. Et ces guérisons sont orientés vers quelque chose : leur salut. La maladie chassée laisse place à un changement de vie. La maladie elle-même est bien souvent une image du péché. Le plus important c’est donc bien cela, le salut. Le mot latin à l’origine de notre mot français “salut” est forgé sur une racine qui peut signifier aussi “santé”. Le salut c’est la réalité la plus importante que l’on peut se souhaiter. Et c’est d’ailleurs ce que l’on fait dans cette salutation qui peut paraître parfois d’un langage peu soutenu : “salut!”. C’est autrement plus significatif que “bonjour”.  

Ce que l’on a de mieux à se souhaiter les uns aux autres, c’est d’être saints ! Autrement dit d’accéder au salut, au bonheur parfait. Et nous avons tellement d’exemple dans l’histoire de l’Eglise, et peut être même dans nos mémoires, de personnes qui n’avaient pas la santé, mais qui rayonnaient d’une authentique paix, d’une bonté, et d’une charité nullement égalée par quelqu’un dont tous les organes fonctionnent à merveille.  

Mais d’où vient cette primauté de la santé dans notre langage commun? Surement d’un souci accru pour le “bien-être”, la qualité d’une vie se mesurerait à l’absence de souffrance. Bien sûr que la souffrance n’est pas souhaitable, et pourtant sa présence peut être révélateur et accélérateur de bien en nous. Cette peur de la souffrance et de l’absence d’un bien-être est aussi un révélateur d’un manque d’espérance d’une vie plus haute, plus belle, plus large, et infinie qui nous attend. « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » (I Co 16.19). 

Alors donc la seule vraie et bonne chose à se souhaiter, c’est que cette année qui commence soit pour chacun d’entre nous une nouvelle chance pour progresser en sainteté ! 

Bonne et sainte année !! 

 

Frère Etienne HARANT